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Paralysie routière : files interminables de camions, le prix du retour à l’ordre imposé par le règlement 14 de l’UEMOA

INITIATIVE PRESIDENTIELLE FASO MÊBO: le Capitaine Ibrahim TRAORÉ remet plus 700 engins

aOuaga.com - 7/10/2025

Depuis plusieurs semaines, d’interminables files de camions bloquent les principaux points d’entrée du Burkina Faso, notamment à Ouaga Inter. Ce n’est ni une grève ni un simple embouteillage : cette paralysie spectaculaire découle de l’application stricte du règlement 14 de l’UEMOA, longtemps ignoré et désormais appliqué sans concession par les autorités burkinabè., apprend-t-on ce lundi 6 octobre 2025. Ce texte communautaire fixe des normes précises sur les dimensions et le poids des véhicules de transport de marchandises. Tout camion dépassant les seuils autorisés est immobilisé jusqu’à ce qu’il allège ou redistribue sa cargaison. L’objectif est de préserver les routes et d’assurer la sécurité des usagers, les poids lourds surchargés étant responsables de nombreux accidents et de dégradations coûteuses du réseau routier. Pendant des années, les contrôles étaient laxistes, permettant aux camions surchargés de circuler librement. Désormais, la tolérance zéro est la règle : tout véhicule non conforme est bloqué. Cette rigueur, saluée par certains, a provoqué la grogne de transporteurs habitués à contourner la loi. Plusieurs tentatives de blocage aux frontières ont échoué, les autorités restant fermes sur l’application des textes. Cette mesure a néanmoins créé un effet domino : les cargaisons doivent désormais être réparties sur plusieurs camions, augmentant le trafic et la pression sur les plateformes douanières déjà saturées, notamment celle de Ouaga Inter. Conçue pour un volume de trafic bien inférieur à celui d’aujourd’hui, la plateforme douanière de Ouaga Inter se trouve débordée. Les infrastructures, obsolètes et exiguës, peinent à absorber le flux de véhicules. Gérée par la Chambre de commerce, elle nécessite une modernisation urgente : agrandissement, zones de transbordement adaptées et équipements de pesage performants. La désorganisation est aggravée par le comportement de certains transitaires, qui arrivent tard sur le site, souvent après midi, perturbant le travail des douaniers mobilisés dès 7 heures. Ces retards en cascade ralentissent les opérations et prolongent les files de camions. Face à la crise, la direction générale des Douanes a ordonné un fonctionnement continu, sept jours sur sept, sans week-ends ni jours fériés. Les agents multiplient les rotations pour désengorger les plateformes, dans les limites fixées par la loi. Un effort salué, mais insuffisant à lui seul pour résoudre la congestion. Le règlement 14 révèle une réalité structurelle : les routes burkinabè, déjà fragiles, ne peuvent plus supporter les surcharges. Les coûts cachés de cette pratique — accidents, usure des infrastructures, pannes, retards et inégalités de concurrence — pèsent lourdement sur l’économie nationale. L’application stricte du texte remet de l’ordre et favorise une concurrence loyale entre transporteurs. Les solutions à court terme passent par une meilleure organisation des arrivées de camions, la digitalisation des déclarations et la priorité donnée aux produits essentiels. À moyen terme, une rénovation de Ouaga Inter et une coordination accrue entre les douanes, la Chambre de commerce, les transporteurs et les transitaires s’imposent. Ces files de camions, aussi spectaculaires soient-elles, marquent une étape nécessaire vers un système de transport plus sûr, plus juste et plus durable. KM

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